Gombe

La Rédaction de Nyota Radio Télévision

D’ores et déjà, des observateurs soutiennent la thèse de tentative de destabilisation de Gentiny Ngobila

Le nom du Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, a été sur toutes les lèvres le week-end dernier, à la suite du report de la mesure de confinement total intermittent, annoncé dans la soirée du vendredi 27 mars dernier. Soit, quelques heures seulement, avant l’entrée en vigueur de cette mesure, prévue le samedi 28 du même mois. Des commentaires sont allés dans tous les sens. Les réseaux sociaux ont explosé.

 » Mesure irréaliste  » pour certains Kinois,  » décision responsable  » pour d’autres. Dans l’un et l’autre camp, les arguments ne manquent pas. Pour le premier, les conditions de vie à Kinshasa, ne concourent pas à un confinement intégral. Par contre, le second camp soutient que face à la menace de propagation du Covid-19 dans la capitale, Gentiny Ngobila ne pouvait pas aller outre mesure. Une troisième opinion est celle qui considère le report de la décision du Gouverneur de la ville, comme une preuve de suffisante de manque de concertation préalable, entre les gestionnaires de la ville province de Kinshasa et le Gouvernement central.

D’ores et déjà, des observateurs perçoivent dans cette controverse, une guerre d’influence dans les instances du pouvoir politique, qui ne dit pas clairement son nom. On apprend qu’il y aurait des groupes d’acteurs, y compris dans la famille politique de Gentiny Ngobila (PPRD), qui se seraient engagés dans un combat pour le descendre de son piédestal. Lui qui a inscrit son action dans le sens de donner corps à la vision, aux décisions du Président Félix Tshisekedi dans sa juridiction politico-administrative.

Selon des sources, tout serait parti du discours du Chef de l’Etat du 18 mars, dans lequel il a été annoncé la mise sur pied du Secrétariat technique chargé de la riposte au Covid-19. On apprend que la ministre provinciale de la Santé du Gouvernement Ngobila, avait été mise à l’écart. Aux yeux de plus d’un observateur, cette exclusion sent mauvais, dans la mesure où la ville de Kinshasa, épicentre de la pandémie de coronavirus en RD Congo, est avant tout une province. Par conséquent, des analystes postulent qu’il serait mal pensant, de prendre des décisions sur la ville, en tant qu’entité politico-administrative, sans pour autant y associer ceux qui ont vocation à gérer la capitale au quotidien. De l’avis des mêmes observateurs, cette démarche n’avait pour finalité que de faire la guerre à l’Exécutif provincial et, au-dessus de lui, le gouverneur Gentiny Ngobila.

UN MILLION DE DOLLARS USD COMME MOYENS D’ACCOMPAGNEMENT

Selon des sources crédibles, le gouvernement central, dans son option d’écarter la ville de Kinshasa, des préparatifs de la riposte au coronavirus, avait prétexté que l’Exécutif provincial devait agir en tant qu’exécutant futur. Refusant de courber l’échine, la province de Kinshasa s’est montrée autonome à travers des initiatives prises dans le cadre d’un caucus.  » C’est plus tard que la ville a été récupérée dans les commissions nationales du Secrétariat technique de la lutte contre la pandémie à coronavirus « , précise-t-on des sources très proches du dossier.

L’opinion se rappelle qu’au début de la campagne de sensibilisation de la population à cette maladie, des numéros verts avaient été publiés par le gouvernement central. A ce sujet, une réunion entre le ministre de la Santé et les opérateurs télécoms à savoir Vodacom, Orange et Africell avait donc été à l’origine de cette décision.

Cependant, pour que ces numéros soient opérationnels, il était entendu que l’Exécutif national mette en place un service Call center qui impliquait des frais financiers. Hélas. Les sources ayant contacté Forum des As attestent que le Gouvernement central n’a jamais débloqué, jusqu’à ce jour, la somme nécessaire. Entretemps, la ville de Kinshasa qui s’était déjà engagée dans la vulgarisation des mesures préventives contre le Covid-19 prises par le Président de la République, s’est finalement rendue compte que tous les appels émis ne passent toujours pas. Piège ?

S’agissant du confinement total intermittent de la ville de Kinshasa annoncée le jeudi 26 mars, des sources ayant des entrées faciles à l’Hôtel de ville, révèlent que certaines autorités au niveau national, auraient exigé à l’administration Ngobila, le montant d’un million de dollars américains, pour avaliser lesdites mesures. Pour les auteurs de cette requête, la somme demandée devrait être utilisée comme moyen d’accompagnement de la mise en œuvre du confinement, en termes de motivation et achat d’équipements de protection de la Police et des services de sécurité. Pourtant, affirme-t-on, le budget d’investissement de Kinshasa est retenu au niveau du Gouvernement central. Cette caution expliquerait-elle le report sine die, de la décision de Gentiny Ngobila, portant confinement intégral intermittent de la ville de Kinshasa ? La réponse est sans doute comprise dans la question !

QUAND LES INTERETS FINANCIERS SACRIFIENT LA CAUSE NATIONALE

S’appuyant sur la « caution » d’un million de dollars USD exigée à l’Hôtel de ville, nombre d’analystes y vont de leur déduction. En tout cas, tous concluent que la riposte au Covid-19 à Kinshasa, est une affaire de gros sous. Mal nommer les choses, jugeait Albert Camus, c’est ajouter au malheur du monde.

Question de bon sens. Kinshasa étant le siège de toutes les Institutions du pays, y compris le Président de la République, Gentiny Ngobila pouvait-il se réveiller un bon matin et décider de confiner la capitale, sans la bénédiction préalable de la hiérarchie au niveau national? Quelles auraient donc été les conséquences de de cette décision ?

A l’hôtel de ville de Kinshasa, des sources sont formelles que trois semaines de confinement total avec intermittence, auraient le mérite de rompre la chaine de contamination au coronavirus. Car, ces sources qui se fient aux projections des épidémiologistes, Kinshasa atteindra, d’ici au mois d’avril prochain, plus de 60.000 cas non identifiés par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB). Ce, compte tenu des moyens limités. D’où, toutes les craintes légitimes d’une période d’hécatombe épidémiologique en perspective.

Sur le volet économique, des analystes avertis ne cachent plus leur crainte d’une baisse drastique des ressources. L’argent ne va plus circuler. La banque centrale n’ayant que trois semaines des réserves de change pour pouvoir couvrir l’ensemble des importations du pays.  » Qu’adviendrait-il alors, au cas où la surveillance épidémiologique ne se ferait pas correctement ?  » La question reste dès lors posée.

Toutefois, on rappelle qu’à la dernière semaine du mois de mars finissant, la RDC a connu une inflation de 0,609% au niveau national et 0,637% à Kinshasa. De l’avis des experts, l’inflation en cumul, a atteint 1,655% au niveau national et 1,632% à Kinshasa. L’inflation annualisée se situe à 6,785% au niveau national et 6,689% à Kinshasa.

Par ailleurs, en glissement annuel, les mêmes experts renseignent que l »inflation a atteint 5,285% au niveau national et 4,660% à Kinshasa. Fin mars, l’inflation mensuelle est de 0,884% au niveau national et 0,838% à Kinshasa.

Toujours en rapport avec la mesure de confinement total intermittent de la capitale, les Kinois ont encore frais dans leur mémoire collective, l’effervescence générale qui a caractérisé la ville le week-end. Les principales artères de la capitale ont été quasiment désertes. Preuve, si elle en est une, que la population kinoise était préparée au confinement.

C’est ici que le cardinal Fridolin Ambongo, exprime son indignation. Dans un message intitulé « Ne jouons pas avec la vie de notre peuple », l’évêque métropolitain de Kinshasa, dit avoir l’impression que par le report de la mesure de confinement total de la capitale, le gouvernement tâtonne dans la gestion d’une matière aussi délicate que la santé publique des Congolais dans ce contexte précis de grave pandémie de Covid-19.

Ce point de vue de l’évêque de Kinshasa rejoint celui du Secrétaire général de l’ONU. S’exprimant le week-end dernier sur France 24, Antonio Guterres a fustigé la légèreté des dirigeants africains, dans la gestion de la prévention du coronavirus. En ce qui concerne la RDC principalement, Antonio Guterres, après l’annulation du confinement total de Kinshasa, a déploré ce qu’il a qualifié d’inconscience des autorités du pays face au virus.

« En Afrique les gens vont mourir par millions surtout dans un pays comme la RD Congo, nous devons craindre le pire. Si la communauté internationale ne se mobilise pas à temps, les Africains et surtout les Congolais vont mourir par millions. Cette crise sera plus que Ebola », a déclaré Antonio Guterres qui a appelé les autorités Congolaises à une prise de conscience.

Dans cette même logique, le cardinal Fridolin Ambongo reste convaincu que « seul le confinement intégral de la ville de Kinshasa serait plus indiqué à ralentir l’expansion de cette terrible pandémie dans la capitale ».

L’avenir donnera-t-il raison à Gentiny Ngobila ? Trêve de supputations, tant il faudrait remettre les pendules à l’heure.

mediacongo

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