Retrouvailles à Kinshasa

La Rédaction de Nyota Radio Télévision

Alors qu’ils n’étaient pas présents à Kinshasa, le 20 janvier dernier, lorsque Félix Tshisekedi prêtait serment comme nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC), cinq chefs d’Etat, parmi lesquels les plus influents des sous-régions d’Afrique centrale et des Grands Lacs, ont fait le déplacement de la capitale de ce pays à l’occasion des obsèques d’Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président.

Ce geste peut être vu sous divers angles au regard de la délicate transition amorcée en RDC depuis peu et de la position stratégique de l’ex-colonie belge.

Le Congolais Denis Sassou N’Guesso, voisin immédiat, du fait de la proxmité des deux capitales Brazzaville et Kinshasa, avait été maintes fois sollicité pour des bons offices au moment où la situation en RDC était préoccupante ; l’Angolais Joao Lourenço dirige une puissance militaire régionale, géographiquement proche des deux Congo ; le Rwandais Paul Kagame est à la tête d’un pays dont la relation avec Kinshasa est demeurée tendue de longues années durant ; le Centrafricain Faustin Archange Touadéra ainsi que le Zambien Edgar Lungu président des pays qui partagent aussi une large frontière avec la RDC. Tous, ont voulu, « à l’africaine », témoigner leur solidarité à leur homologue, Félix Tshisekedi.

On ne peut cependant s’empêcher de penser que ces retrouvailles aient pu être l’occasion d’aborder, en tête-à-tête, les sujets d’intérêt commun. D’où la tripartite qui a réuni le 31 mai, à Kinhasa, les présidents de RDC, d’Angola et du Rwanda. En raison de la position centrale de ce pays, la montée en puissance des groupuscules spécialisés dans des trafics en tous genres représente une menace qui appelle les Etats à mutualiser leurs efforts, quelles qu’en soient les zones géographiques dont ils relèvent.  

Par ailleurs, s’il y avait une preuve supplémentaire de la reconnaissance de l’effectivité de la légitimité de Félix Tshisekedi comme chef d’Etat de son pays, elle est donnée par la présence de ses homologues cités plus haut. Ceci est d’autant plus réconfortant pour lui que ces derniers ont rendu hommage, non pas à un ancien chef d’Etat décédé, mais à un ex-opposant dont les faits d’armes en cette qualité ont consisté à combattre les dirigeants de son pays. Il est certain que le fils du « sphinx » de Limete a vécu ce moment avec beaucoup d’émotion, à peu près comme le jour où, faisant mieux que son père, il prenait ses fonctions de président de la République.

Investi le 20 janvier, le président Félix Tshisekedi a mis quatre mois pour nommer son Premier ministre en la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Bientôt deux semaines, la nouvelle équipe gouvernementale est toujours attendue. Qu’a-t-il pu dire à ses pairs venus le consoler dans ce moment de deuil familial ? 

Les jours à venir diront si le souvenir de son père, consacré héros national au même titre que Patrice Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila, lui a donné les forces nécessaires, les élans indispensables pour surmonter d’autres épreuves encore. En particulier celle qui lui permettra, enfin, de poser assez solidement les bases de son pouvoir en officiant à la tête d’un gouvernement voué, moyennant beaucoup de conciliations, il est vrai, à la mise en œuvre de son projet politique. Là où ses compatriotes l’attendent plus.

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