Afrique Le “New Deal pour l’énergie” convainc les décideurs politiques

A Lusaka, le « New Deal pour l’énergie » attire les projecteurs. Cette initiative de la BAD, qui entend offrir aux Africains l’accès universel à l’énergie d’ici 2025, a entraîné l’adhésion des  leaders mondiaux et hauts dirigeants d’entreprises présents aux Assemblées annuelles. S’il a maintes fois été évoqué lors des différentes sessions qui rythment les Assemblées, il a fait l’objet d’un long débat lors d’une table ronde dédiée.

Malgré les difficultés de la conjoncture économique mondiale, les pays africains ont enregistré des progrès économiques considérables en 2015, marqués par un taux de croissance moyen du PIB de 3,6 % en une année où les meilleures performances des pays développés ont à peine atteint 2 %.

De plus, cinq des économies du monde dont la progression des économies est la plus rapide se trouvent en Afrique, car la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie ont tous réalisé des taux de croissance de 7 pour cent ou plus.

Telles sont certaines des évolutions réjouissantes qu’ont présentées devant les milliers de participants aux Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement à Lusaka, le mercredi 25 mai,  Charles Boamah et Hassatou N’Selé, respectivement directeur des Finances et trésorière de la BAD, qui ont fait état de la solide position financière de la Banque et des moyens qui lui permettront d’intervenir en soutien des pays membres régionaux.

Toutefois, cette croissance maintes fois célébrée n’échappe pas à un certain nombre de risques, tels que ceux liés au déclin persistant des cours des matières premières, à l’insuffisance des infrastructures africaines, au manque d’inclusion sur le continent et aux vents contraires de dimension mondiale qui viennent entraver la croissance et mettre en évidence la nécessité de la diversification.

En 2015, la performance économique a varié d’un pays et d’une région à l’autre du continent. L’Afrique de l’Est se situe en tête du peloton, avec une croissance moyenne de 6,3 % du PIB en 2015, contre 6,5 % l’année précédente. En Afrique centrale, la moyenne se situe à 3,7 %, en baisse par rapport aux 6,1 % de 2014, tandis qu’en Afrique de l’Ouest, le déclin a été encore plus prononcé : 3,3 % comparé à 6 %. En Afrique du Nord, le taux de croissance a plus que doublé pour passer de 1,4 % à 3,5 %, tandis qu’en Afrique australe, la progression moyenne du PIB a reculé de 2,8 % en 2014 à 2,2 % en 2015, reléguant cette région au dernier rang du continent pour l’année sous revue.

Les chiffres contenus dans cette présentation ont tendance à contredire la notion voulant que la croissance phénoménale enregistrée en Afrique ces dernières années soit due essentiellement au boom des matières premières. En Afrique de l’Est, par exemple, la croissance a été grevée par l’instabilité et la crise politique au Burundi et au Soudan du Sud, alors que le marasme en Afrique de l’Ouest a été la conséquence directe de la baisse des cours des matières premières, des actions du Boko Haram et de l’épidémie d’Ebola. Dans la région d’Afrique centrale, le déclin des cours du pétrole et des métaux a constitué la cause principale d’une conjoncture affaiblie alors que, de leur côté, les graves pénuries de courant électrique, le changement climatique et la baisse des cours des matières premières ont eu une incidence négative sur la croissance dans la région de l’Afrique australe.

La résilience de l’Afrique à un moment où les grandes économies mondiales ont peiné à progresser est due à des investissements publics conséquents, particulièrement en matière d’infrastructures, à une consommation intérieure soutenue, à l’essor du secteur des services et aux progrès graduels de la diversification économique.

Selon les projections du rapport présenté, la croissance moyenne du PIB continental passera respectivement à 3,7 % en 2016 et à 4,5 % en 2017.

Le Groupe de la Banque, qui cherche à répondre aux besoins de développement de ses 54 pays membres régionaux, a également fait des progrès significatifs en 2015, enregistrant une augmentation de 25,4 % du volume de ses opérations, lesquelles ont totalisé 8,8 milliards de dollars EU sous la forme d’investissements en projets et en programmes au cours de l’année.

En accord avec le programme de dépenses des années précédentes et de la Stratégie décennale du Groupe de la Banque, la plus grande partie de ces investissements a été consacrée aux infrastructures (principalement celles des transports et de l’énergie).

D’après le rapport, la Banque est entièrement apte à accomplir sa mission consistant à accélérer le développement du continent en poursuivant ses Cinq grandes priorités visant à tirer parti de la Stratégie décennale dans les cinq domaines jugés critiques pour la croissance et le développement du continent : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des Africains.

Dans le domaine énergétique, qui constitue une priorité vitale, qu’on a comparée à la circulation sanguine du corps humain, la BAD prévoit d’investir quelque 12 milliards de dollars EU et de réunir pour environ 50 milliards de dollars EU en ressources supplémentaires au cours des cinq prochaines années afin d’éclairer l’Afrique et de l’alimenter en énergie en l’espace de 10 ans. La Banque quadruplera les ressources qu’elle affecte à l’agriculture, celle-ci étant désormais considérée comme une activité commerciale lucrative, les augmentant de 612 millions de dollars EU par année à environ 2,4 milliards. Ses investissements annuels en matière d’industrialisation sont chiffrés à 5,6 milliards de dollars EU, tandis qu’environ 3,5 milliards seront consacrés au développement d’infrastructures de qualité à partir de 2016.

Boamah et N’selé se sont fait forts d’évoquer certaines des réalisations emblématiques de la Banque comme preuves de sa capacité et de sa disposition à imprimer à l’Afrique l’impulsion dont elle a besoin pour réaliser sa transformation. Parmi ces réalisations figurent le corridor Bamako-San Pedro (142,7 millions de dollars EU) servant de port de transit pour les pays voisins ; le projet Ossature de l’Afrique (42,4 millions) qui appuie la diversification de l’économie du Cameroun et promeut l’intégration régionale en permettant à des voisins d’accéder à une infrastructure de transmission par fibre optique ; ainsi que le projet ferroviaire et portuaire de Nacala (300 millions) qui relie le Mozambique et le Malawi et d’autres pays de la région, aidant ainsi à améliorer la compétitivité globale des exportations minérales, agricoles et manufacturières de la région.

Grâce à la notation AAA que lui ont accordées toutes les grandes agences de notation financière et à sa solidité financière intrinsèque renforcée par le soutien de ses actionnaires, la BAD fait figure d’institution robuste dédiée à l’accomplissement des objectifs de développement de l’Afrique, souligne le rapport, qui cite à ce sujet l’affirmation publiée en 2015 par l’agence de notation Standard and Poor selon laquelle « Notre appréciation du profil financier de la BAD en tant qu’institution de grande solidité financière reflète en premier lieu une amélioration de sa suffisance en capital. »