Le Dr Denis Mukwenge, gynécologue de l’hôpital de Panzi (Bukavu) qui soigne les femmes violées, a condamné l’interdiction de diffusion en RDC du film «L’homme qui répare les femmes. La colère d’Hippocrate» de Thierry Michel et Colette Braeckman sur son œuvre. Dans un communiqué publié vendredi 4 septembre, il estime que la censure de ce documentaire « met en évidence la volonté du gouvernement de refuser au peuple congolais son droit d’accès à l’information.»
« Ce film a été fait pour eux. Ce film leur appartient. Son histoire et son droit à la mémoire collective et à la vérité lui sont niés dans le but de mieux le manipuler et le contrôler », s’est ainsiexprimé dans un communiqué celui que l’on surnomme le «Réparateur des femmes».
Le film de Thierry Michel et Colette Braeckman relate la vie et l’œuvre du Dr Denis Mukwege, gynécologue du Sud-Kivu qui soigne les femmes violées à l’hôpital Panzi de Bukavu. Les autorités congolaises ont interdit, mercredi 2 septembre, la diffusion de ce film sur le sol congolais. Selon elles, certains passages de ce documentaire sont inacceptables car ils portent préjudice à l’armée congolaise.
Le responsable de l’hôpital de Panzi trouve «incompréhensible que les témoignages des femmes et des acteurs de la société civile retraçant la dure réalité vécue par des dizaines de milliers de femmes ces vingt dernières années, mais aussi leur faculté à retrouver la force de vivre avec dignité, puissent inquiéter outre mesure les autorités qui ont pris la décision de l’interdire».
« Nous vivons en RD Congo dans un climat d’oppression, de dégradation de la situation des droits humains et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales », a aussi estimé le médecin.
Il dit garder espoir que cette mesure d’interdiction sera temporaire, « car la vérité, même si elle dérange certains, a toujours vocation à voir le jour ».
Dr Mukwege regettre par ailleurs que les autorités congolaises fassent peu de cas de nombreux prix et distinctions internationaux qu’il remporte depuis quelques années en guise de reconnaissance de son travail.
Atteinte à la liberté d’expression
Le chef de la Monusco, Martin Kobler, a aussi condamné l’interdiction de diffusion de ce film en RDC. Dans un communiqué publié vendredi 4 septembre, il pense qu’il appartient au public congolais « de se faire une idée du drame vécu par des milliers de femmes congolaises victimes de viols ».
« La sensibilisation contre ces viols, facteur important dans la lutte contre les violences faites aux femmes, doit nous pousser davantage à lutter contre toute tentative de censure», a déclaré Martin Kobler qui a par ailleurs exhorté les autorités congolaises, « à revoir leur décision ».
« J’exprime ma vive préoccupation quant aux évènements récents qui portent atteinte à la liberté d’expression et qui constituent un net recul pour la promotion des pratiques démocratiques en République démocratique du Congo », a affirmé Martin Kobler.
Via R.O.