Exégèse d’une déclaration coupe-gorge: La Majorité présidentielle K.O !

Du haut de sa facture scientifique, André-Alain Atundu a pleine conscience du caractère indécrottable de la sentence des Evêques catholiques rendue publique le vendredi 23 juin dernier. Un texte solidement assis sur des faits avérés et relevés avec dextérité par une intelligentsia de l’épiscopat catholique réputée pour ses analyses froides des situations spéciales du pays. Par probité intellectuelle et morale, le message des prélats catholiques impose l’inclinaison de la tête pour saluer sa pertinence, exception faite des acteurs politiques obstinés à rechercher la pour sur le cuir d’un chauve. Tel le porte-parole de la Majorité présidentielle qui reproche aux Evêques un patriotisme de lamentations et des pessimismes comme si le degré de la misère et des violences diverses subies par la population appelle à la célébration de réjouissances. Des propos teintés d’insultes et de dédain à l’endroit des concitoyens soumis au quotidien à la quête incertaine d’un morceau de pain à partager à la nombreuse progéniture.

Atundu devrait plutôt se garder d’élucubrations au risque de faire croire qu’il invite les prélats à un patriotisme de corruption, d’évasion fiscale, de détournement de fonds publics à la base de la grave crise que traversent tous ceux qui ne sont pas accrochés aux mamelles des institutions publiques. Thomas Lokondo serait-il moins proche de la Majorité au pouvoir en reconnaissant que «Les évêques de la CENCO n’ont répété que ce que tout le monde sait. Ce que nous avons régulièrement dit à l’Assemblée nationale». L’un des meilleurs héritages de Mobutu Sese Seko à ce pays est la constitution d’une élite intellectuelle de grande valeur, au point que les arguments du porte-parole de la MP semblent destinés à la petite élite née du changement de régime.

Je lui préfère la leçon cinglante d’Henri Thomas Lokondo sur les antennes de Radiokapi : «La corruption, l’évasion fiscale, les malversations financières, le coulage des recettes, l’insécurité généralisée à travers les provinces ne sont pas des faits nouveaux pour nous au niveau de l’Assemblée [nationale]. Qui peut nier aujourd’hui que le pays va mal tant sur le plan politique, économique et social ?». L’élu de la majorité a assuré que même le chef de l’Etat l’a reconnu «sans le dire» à travers ses discours sur l’état de la nation.

Les cadres de la Majorité devraient s’abstenir de constituer un écran en l’examen minutieux du procès des Evêques en vue de prendre d’imaginer des pistes de sortie réelle de crise et de repositionner le pays sur l’orbite de la stabilité multiforme. Encore une leçon du député Lokondo qui invite ses pairs à accepter avec «humilité, patriotisme le constat juste des évêques qui résume d’ailleurs le point de vue de la majorité du peuple Congolais». Réagir autrement, donne corps au constat des prélats catholiques pour qui : «Une minorité de concitoyens a décidé de prendre en otage la vie des millions de Congolais. C’est inacceptable! Nous devons prendre en main notre destin commun». Aussi Henri Thomas Lokondo a-t-il demandé au chef de l’Etat «d’être attentif» au message des évêques de l’Eglise catholique «qui est l’église la mieux implantée en RDC».

LR