Le ton, les gestes, l’intonation…tranchent d’avec l’habituelle prestation de Félix Tshisekedi. Désormais il faut s’habituer avec un Tshisekedi conscient de son plein pouvoir et de sa pleine responsabilité dans la gestion de la République. C’est certainement ce qui alimente la hargne avec laquelle le chef de l’Etat récupère la bride pour pouvoir, le moment venu, justifier son bilan.
Félix Tshisekedi s’est présenté devant les députés et les sénateurs dans un contexte marqué par la fin de la coalition qu’il composait avec le FCC, la plateforme de son prédécesseur Joseph Kabila. Il n’a pas fait de grande annonce. Il s’est contenté de dresser un bilan mitigé de l’action gouvernementale pour l’année en cours.
Selon lui, le dysfonctionnement de l’alliance qu’il avait nouée avec son prédécesseur Joseph Kabila n’a pas permis d’atteindre les objectifs fixés au début de son quinquennat. « Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition. Cela n’a pas non plus empêché l’émergence de difficultés de tous ordres au sein de celle-ci, rendant aléatoire la concrétisation du changement tant réclamé par notre peuple », a-t-il déclaré.
Pour corriger le tir, il a annoncé qu’il allait « procéder à la formation d’un gouvernement pour l’union sacrée de la nation qui travaillera en harmonie avec le chef de l’État » à l’issue du travail de l’informateur. Conséquence : Sylvestre Ilunga, le Premier ministre et proche de Kabila, devrait perdre son poste. Selon un proche de l’ex-président, il est trop tôt pour attribuer la majorité à Félix Tshisekedi. Il devrait le démontrer soit par l’élection de ses proches dans le nouveau bureau de l’Assemblée nationale ou par la destitution du Premier ministre par une motion. Le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a annoncé l’organisation, en marge de la célébration du 61ème anniversaire de « notre indépendance », le 30 juin 2021, des sépultures dignes de son sacrifice pour le 1er Premier ministre congolais Patrice Emery Lumumba, héros national. Pour le Chef de l’Etat, la patrie témoignera sa reconnaissance envers ce fils qui a agi dans l’intérêt du peuple.
Le Chef de l’Etat a indiqué également qu’il compte sur les députés nationaux et sénateurs qui ont fait preuve de maturité dans la gestion des motions de défiance contre leur bureau et sur le gouvernement de l’Union sacrée de la Nation pour améliorer sa gouvernance et faire passer ses réformes dans divers domaines.
Tout en rappelant les promesses qu’il avait faites à la nation, notamment les réformes en vue d’améliorer les conditions de vie de ses concitoyens, il a reconnu le déficit de gouvernance, malgré tous les efforts entrepris pour maintenir la coalition. « Les efforts déployés, les sacrifices consentis et les humiliations que j’ai tolérées n’ont pas empêché l’émergence des difficultés de tous ordres rendant aléatoires le changement attendu », a dit le président de la République qui a justifié la fin de la coalition FCC-CACH comme souhaité par les leaders politiques et sociaux les plus significatifs consultés. Il a aussi demandé à la population de soutenir son action pour éradiquer les forces négatives et rétablir l’autorité de l’Etat dans l’Est et le Nord-est du pays.
« Les FARDC dont j’assume le commandement suprême vont prendre de plus en plus d’ampleur, de plus en plus de force et elles seront capables de défendre notre pays et tout le territoire national », a-t-il dit.
Le Président Félix Tshisekedi a également appelé les Congolaises et les Congolais à la vigilance tous azimuts face à la remontée des cas de COVID-19 qui se confirment comme une 2ème vague, principalement dans la ville de Kinshasa.
« Cette deuxième vague est essentiellement due à l’importation des cas venant des pays étrangers mais aussi au relâchement des mesures de prévention. Il nous sera difficile de maitriser cette nouvelle vague si la population n’obéit pas aux gestes barrières », a-t-il souligné, avant d’inviter la population à respecter toutes les mesures édictées à cet effet par les autorités sanitaires, notamment le port obligatoire de masque.
Louis-Paul Eyenga
A lire dans le numéro 1085 du Quotidien La République