La Rédaction de Nyota Radio Télévision

Selon Radio Okapi, la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a poursuivi mardi 14 octobre, le 10e jour des audiences, à Beni-ville l’audition et la confrontation des prévenus et certains témoins dans le procès des présumés assassins du colonel Mamadou Ndala. La cour s’est penchée sur le trafic frauduleux du carburant auquel seraient impliqués des officiers militaires au Nord-Kivu.   
Selon le ministère public, certains officiers FARDC, dont Mamadou Ndala, étaient impliqués dans une opération de fraude de carburant avant l’assassinat de l’ancien commandant du 42e bataillon des commandos FARDC des unités de réaction rapide. La cour cherche ainsi à comprendre s’il y avait un conflit entre ces officiers militaires et Mamadou Ndala avant sa mort. 
Comme d’aucuns le savent, le procès s’est ouvert le mercredi 1er octobre à Beni, dans le Nord-Kivu. L’on se rappelle encore que celui que tout le monde qualifie de  » héros de libération de la ville de Goma et de l’offensive contre la rébellion du M23  » a été tué le 2 janvier dernier par un tir de roquette dont on ne connait toujours pas les commanditaires. Neuf mois après sa mort, ce procès est censé lever le voile sur ces interrogations. Car, il sera question de savoir qui a tiré sur lui, sur ordre de qui et pourquoi. Cela devra se savoir à l’issue de ce procès qui est très suivi.
 
En effet, le ministère public a affirmé avoir des indices probables de complicité de la garde du colonel Mamadou Ndala lors de son assassinat. L’organe de la loi a fait ses affirmations, jeudi 2 octobre dans la soirée devant la cour, lors du débat avec les avocats des prévenus. Le ministère public a fondé sa conviction sur les dépositions faites par le prévenu adjudant Safari Banza Mwabo et le capitaine Moussa Banza. Pour le premier, le ministère public a brandi un bulletin de renseignement produit par l’ANR, où l’adjudant Safari, tireur d’arme d’appui fixée sur la jeep de commandement, avait déclaré deux jours avant la mort du colonel Mamadou Ndala que: « Même si nous tombons dans une embuscade, j’enlèverai la tenue et je vais me déshabiller et je vais fuir ».
Selon le ministère public, le même prévenu aurait été surpris en train de fouiller le corps du colonel juste après l’attaque. Cela suppose, selon le ministère public, que le prévenu aurait été soudoyé. La double identité contenue dans la fiche de renseignement militaire du deuxième prévenu, Moussa Banza, l’un des plus proches du colonel, a laissé perplexe la cour. Ce dernier a été envoyé dans une autre jeep, après le colonel Mamadou. Juste après l’attaque, il est rentré à Beni. « L’hypothèse d’une complicité de ces deux prévenus sera démontrée lors du réquisitoire » a conclu le colonel auditeur.
La mort du chauffeur de Mamadou posera problèmes
La Nouvelle dynamique de la Société civile du Sud Kivu (NDSC) appelle la justice militaire à se mettre du côté de la vérité, pour honorer la mémoire du colonel Mamadou Ndala et autres officiers décédés dans des circonstances non encore élucidées. Cette structure a ainsi réagi après l’annonce de la mort du sergent Major Ngabo, chauffeur du colonel Mamadou Ndala, dans des circonstances non élucidées, un jour seulement après sa comparution. La cour de son côté a refusé de se prononcer sur la mort de celui qui était à jusque-là en état de prévention. Quelques heures après le décès du sergent major Ngabu, son avocat, Me Augustin Kisambo, a exigé qu’une autopsie soit pratiquée sur le corps de ce soldat. Il a estimé que les résultats de cette expertise clinique pourraient fixer l’opinion sur les allégations selon lesquelles ce soldat, qui était considéré comme la « boite noire » dans cette affaire aurait été empoisonné pour qu’il ne fasse pas éclater la vérité sur les vrais mobiles de l’assassinat du colonel Mamadou Ndala. De son côté, le ministère public a indiqué devant la cour qu’avec le décès de ce prévenu, l’action publique risquerait de s’éteindre. « Cette fatalité a ainsi mis fin à la poursuite de l’action judiciaire contre le défunt », a poursuivi le colonel Baseleba. La cour par contre a refusé de se prononcer sur ce décès et s’entendait à la décision de l’organe de la loi.
Pour la Nouvelle Dynamique de la Société Civile du Nord-Kivu, la perte de cet acteur clé du procès est l’arbre qui cache la forêt. « La mort de ce soldat serait un arbre qui cacherait la forêt parce qu’on se demande à qui profiterait cette mort. Etant donné que le sergent Ngabu était un des piliers parmi les 20 prévenus, ça nous fait de sérieuses inquiétudes quant à l’issue de ce procès », a indiqué le président de la NDSC, Jean Chrysostome Kijana. Celui-ci a par ailleurs appelé les ONG des droits de l’homme à suivre de près le procès sur l’affaire Mamadou Ndala et il promet de saisir d’autres instances judiciaires régionales au cas où il ne serait pas satisfait : « Si, nous ne sommes pas satisfaits au niveau de cette cour que d’autres mécanismes puissent être mis œuvre afin que les Congolais soient informés des vrais commanditaires de cet assassinat ».
Il sied de noter qu’une vingtaine de prévenus sont attendus à la barre. Parmi eux, quatre officiers supérieurs de l’armée congolaise, deux ex-gardes du corps du colonel défunt et huit civils. 
Depuis la mort du colonel Mamadou Ndala, les questions sont extrêmement nombreuses, l’armée ayant choisi de ne pas communiquer sur l’avancée de l’enquête. À ce jour, deux pistes sont évoquées. La première est celle d’un assassinat commandité par les rebelles des ADF-Nalu, alors que le colonel était sur le point de lancer une offensive contre eux. Une hypothèse que la société civile et certains témoins rejettent. La route empruntée par le colonel ce jour-là était, selon eux, sous le contrôle total des FARDC. Autre piste envisagée, est celle d’un règlement de compte au sein même de l’armée congolaise. Car, selon des sources, le colonel Mamadou Ndala n’y avait pas que des amis. Charismatique, surmédiatisé, ce jeune officier dérangeait. Certains n’auraient pas apprécié de voir cet homme envoyé par Kinshasa potentiellement mettre son nez dans les affaires de l’armée à Beni. La veille de sa mort, il aurait lui-même dit craindre des trahisons au sein de ses troupes.
C’est donc un procès capital qui s’est ouvert, sous haute surveillance des forces de sécurité. Un important dispositif de l’armée et de la police est chaque jour déployé autour de la tribune du huit mars, où se déroule le procès. La société civile du Nord-Kivu a dit dans un communiqué espérer  » que la population ne va pas assister à une parodie de justice ou à un simulacre de procès  » et appelle les habitants de Beni à assister aux audiences. Ainsi une foule immense assiste à ce procès, qui intervient huit mois après la mort du colonel Ndala. La LUCHA, une organisation de jeunes, se réjouit quant à elle de la tenue du procès, mais souhaite également que ce soit  » un véritable moment de vérité et de justice, et non pas une simple formalité « . A quelques heures du début de ce procès, les organisations de la société civile avaient appelé à l’indépendance de la justice pour faire éclater la vérité sur cet assassinat. Pour sa part, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), avait notamment plaidé pour une justice équitable, tandis que la société civile locale mettait en garde contre toute mascarade.

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